J’ai les matins enjoués.
Une force m’empoigne et m’exhorte à une levée qui a du cœur, à une levée qui soutient le parcours de la lumière que je vois naître à travers les rideaux de ma chambre. Il m’arrive de croire, comme cet indien pueblo que Jung avait rencontré un jour lors d’un voyage dans le sud des États-Unis, que je collabore moi-même à la lente éclosion de cette lumière issue du soleil. Une sorte de participation mystique qui donne tout un sens à la vie, il faut l’avouer. Mais l’être de raison que je suis fais vite tut tut tut, ça ne tient pas debout ce que tu penses là! Justement, la folie douce issue de rêves de toute une nuit continue son chemin et s’évertue à me jouer des tours.
Le matin, au réveil, ma raison dort…
Les couvertures de mon lit remontent le chemin du désordre et, d’un bond, je franchis alors la ligne de flottaison qui me séparait du monde.
C’est ce moment que j’aime.
Une sorte de feu m’incite à envahir et explorer en détail un terrain de jeux sans pareil. J’oublie toutes mes blessures et les souffrances passées et présentes pour m’aventurer dans cet étroit passage que constitue la vie. J’ouvre les yeux, les oreilles puis je m’enfonce sans peur dans les périls de l’existence. Souvent une musique ou un air m’accompagnent qui me donnent un rythme et me soutiennent. Cette sonorité jaillit chaque fois de nulle part et me conduit là où souvent je m’y attends le moins. Je pense alors à Rumi, le grand poète soufi, affirmant qu’il y a un secret dans le rythme et que s’il le dévoilait cela changerait la face du monde.
Je sais la vie difficile, semée d’embûches, parfois insupportable. Au réveil se joue un drame dont l’ampleur me surpasse. Mais je sais aussi qu’il y a toujours une lueur et un rythme qui nous enroulent et nous bercent, nous informant que nous ne sommes jamais seuls. Ces deux forces tardent à nous connaître.
La vraie folie est de les ignorer.
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