Émile |
« Que serais-je devenu sans mes blessures, sans mes souffrances? Que serais-je devenu sans ces coups du sort, ces accidents et les innombrables défaites de ma vie? Que serais-je devenu sans mes blessures, sans mes souffrances? »
Léonard Cohen parle dans une chanson de cette fissure (dans les certitudes, les croyances) à travers laquelle passe la lumière. Elisabeth Kübler-Ross raconte dans un de ces livres sur la mort comment l’usure du temps, les intempéries ainsi que les indomptables forces de la nature ont su forger l’incomparable beauté du Grand Canyon.
La vie ne fait pas toujours dans la dentelle. Elle nous travaille au corps, gruge nos émotions. Elle sculpte nos formes avec de terribles coups de ciseaux. Jamais ne faiblit-elle dans sa lutte malgré nos « pardon mon oncle! ». Elle veut nous faire cracher le morceau.
Des fois je me demande, mais pas toujours, seulement en certains moments où l’angoisse finit par se frayer un chemin jusqu’au cœur, des fois je me demande, il faut peut-être me le pardonner, si nous ne sommes pas venus sur terre pour apprendre qu’une seule chose : le doute et la douleur, les longues nuits d’incertitudes et la peur qui nous tenaille lorsque rien ne va. Si nous ne sommes pas venus apprendre la faim et les privations, l’incompréhension et la haine proverbiale des hommes. Apprendre aussi à courber l’échine et perdre le peu de dignité qui nous habite. En fait, ne serions-nous pas tous venus apprendre à perdre, à tout perdre? Voilà peut-être le seul gain possible qui mériterait une médaille.
Je ne doute pas que ce n’est pas gai, que ce n’est pas simple…
Mais à la fin, légers comme tout, dépossédés du superflu, nous l’adopterons cette chienne de vie, lui donnerons toute la place, si c’est ce qu’elle veut! Veut-elle nous voir sourire, nous sourirons! Veut-elle nous voir nous émerveiller comme au premier temps de l’enfance, nous faire renaître dans la beauté? Qu’à cela ne tienne!
Que serions-nous devenus sans nos blessures, sans nos souffrances? Je me demande.
Même si nous aimerions mourir de ne plus avoir à vivre cette douleur de vivre et de mourir.
Notre passage à la vie peut-il vraiment se réaliser sans douleur? L'acte de naissance ne confirme-t-il pas que l'expérience ne sera pas facile? Les réalisations ne sont-elles pas à la hauteur de la détermination ... Que dire de Rodin qui était myope et Beethoven qui souffrait de surdité.
RépondreSupprimerQuand je jette un oeil à mes expériences passées, leur dois-je d'être une personne aussi déterminée = au bonheur? Je me sens parfois comme Gandalf (personnage du film Le seigneur des anneaux) déclamant: ¨VOUS NE PASSEREZ PAS¨. Je m'adresse alors à tous les désespoirs, regrets et ennuis qui tentent de s'infiltrer dans mon quotidien.
Je vous remercie de m'avoir amené à ces réflexions.