Je suis un douteur.
Je m’élève contre les idéologies, les révélations que l’on dit divines, le principe d’autorité et toutes institutions qui prétendent régenter de A à Z notre vie ensemble. J’aime remettre en question, jouer l’avocat du diable, réfuter, mentionner poliment ce « oui, mais » devant les convictions et certitudes admises.
Mais il y a plus.
Car il ne suffit pas de dire non, tout bêtement, en jouant les gérants d’estrade, en se donnant le rôle de censeur camouflé derrière une cause noble de contestation instiguée par des groupes de pression organisés. Il ne s’agit pas non plus de s’agglutiner au chaud en compagnie de centaine et millier d’autres à l’intérieur d’une opposition bardée de bons principes, et qui ne fait que ça, s’opposer, afin d’en retirer des privilèges, d’attirer attention, reconnaissance et sympathie. Je ne parle pas de militer et de jouer dur en faisant l’éloge du dénigrement et de la démolition que je situe plus au niveau du réflexe conditionné, du mécontentement tous azimuts « qui est la seule science dont l’homme a le génie ». (I. Azimov)
Il y a plus. Par exemple, je m’attends constamment à un dialogue serein entre gens de bonne foi. Je m’attends à un questionnement qui ne rejette pas tout d’emblée, là des arguments qui font réfléchir, là des idées pour cheminer ensemble. Je m’attends à toute la gamme de nuances et de couleurs variées qui constituent une certaine compréhension de la réalité, de même qu’à une hésitation naturelle devant le désir de conclusions, de théories et de convictions hâtives.
Je doute et je cherche et je veux un dialogue, car je ne sais rien. Voilà. Mais je demeure en retrait, sachant fort bien que l’envie du pouvoir, cristallisé dans des idéologies à forte teneur en gras et démagogie, a préséance sur mon humble doute.
L’idéologie, c’est ce qui fige une idée, peut-être bonne à l’origine, peut-être vraie à un certain moment donné, j’ose le croire, mais qui nous empêche d’en avoir d’autres, plus fraiches, plus proches d’une vérité toujours à construire, bien vivante, qui n’exclut rien, qui envisage des myriades de possibilités.
« L’idéologie est un pur produit de ratiocination que l’on plaque autoritairement sur la réalité, nous dit Jean-François Revel. C’est aussi le moyen privilégié de tronquer, de falsifier, et, au besoin, de fabriquer de toutes pièces l’information. L’objectif est donc d’échapper à toute critique en trichant subrepticement avec le vrai et en recourant insidieusement au faux. »
Selon ce philosophe, les idéologies atteignent leur pleine efficacité lorsque les croyances inculquées sont intériorisées au point de devenir de véritables réflexes mentaux. Une sorte de dévotion s’installe. Une idée n’est plus jugée vrai ou fausse, ni un fait exact ou inexact, mais seulement conforme ou non à un système de valeurs et d’interprétation du réel.
Donc, je doute. Mais je crois aussi dans l’ouverture, dans la recherche incessante de nouvelles découvertes ainsi que la mise en commun d’expériences dans le but d’aiguiser notre sens critique par le dialogue.
Proposer et non pas imposer. C’est une position inconfortable, car elle implique de demeurer debout, en marche constante et non pas sur l’assise tout confort du pouvoir.
Je crois dans les bénéfices du doute. Et l’acceptation de l’invraisemblable…
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