À la lumière du psychodrame
généré par la hausse des frais de scolarité au niveau universitaire au Québec, je me suis
demandé comment il se faisait que nous ayons des vues si diamétralement
opposées sur un même sujet d’actualité. Les événements sont les mêmes pour tous,
les faits sont les mêmes, pourtant le regard et les opinions qui en découlent semblent
inconciliables, si contradictoires et d’une telle fermeté qu’ils ont fini par dégénérer
en foires d’empoigne, mépris, harcèlement et violence gratuite.
Je ne retire aucun avantage
ni renommée à porter ma propre vision des choses concernant un problème donné.
Ce que je recherche, à la base, c’est m’approcher le plus prêt possible de ce
que j’appelle une vision claire et satisfaisante, de ce qui me semble plausible.
Ce qui m’incommode toutefois, c’est cette ardeur à tenir une opinion et une idéologie
pour certaines et vraies, du fait principalement qu’elles ne sont pas
désintéressées. Je sens plutôt la poursuite d’un avantage, un désir de
puissance et de contrôle, une volonté appuyée de régenter de manière
totalitaire tout un cadre de connaissance, de savoir et de jugement. Nous
entrons alors de plain-pied dans le domaine de la croyance dogmatique.
Nos croyances sont à la
recherche de récompenses, ici-bas comme dans l’au-delà. Elles sont en quête d’un
soulagement et d’une prise en charge du mal de vivre. C’est pourquoi nous y
sommes tant attachées, c’est pourquoi elles peuvent finir par nous aveugler et
nous rendre féroces et résolues dans notre volonté de les protéger. Quiconque s’y
oppose devient le bouc émissaire idéal ou l’ennemi à éliminer. Une sorte de
réflexe animal où l’instinct prédomine prend alors la commande et tout peut
arriver.
Je ne veux rien pour
moi-même, tout ce que je désire c’est de mettre le doigt sur une réponse acceptable
face à l’obligation de vivre et de vivre ensemble. Je réalise que la seule réponse
valable passe par le lien de l’amour. Combattre cet amour conduit à la rupture,
au néant, aussi bien dire au non-sens. Et toute interprétation du monde se
construit avec la conscience ou non de ce lien, par sa reconnaissance ou non,
de même que par son acceptation.
Je ne crois en rien, à
proprement parler. Ce qui m’intéresse ce sont les faits, les expériences, la
réalité crue. Tout est acceptable et digne d’intérêt. Il n’y a rien de bon ou
de mauvais, ni de vrai ou de faux, à la limite. Ce qui m’intéresse, c’est
comment s’y prend l’homme pour accepter ou refuser ce qu’il y a devant lui,
l’évidence de vivre, et de vivre ensemble. Savons-nous que nous sommes tous liés
tels des fils de soie uniques sur une immense tapisserie en devenir?
Il y a ceux qui aiment la vie
et ceux qui haïssent la vie. Cet amour n’est pas croyance, cet amour n’exige
pas de récompenses ou une protection particulière, encore moins une reconnaissance.
Cet amour n’apporte qu’un peu de vie, de chaleur, de créativité, de générosité,
d’organisation et de folie à son entourage. Il agit comme une fontaine. Finalement,
il construit une opinion et une raison qui, à la longue, se réduisent comme une
peau de chagrin : je perçois qu’il y a de l’amour ou je perçois qu’il n’y
a pas d’amour.
La question demeure si nous
acceptons d’endosser et de porter un regard si fragile et minimaliste des
choses. Trop simple et naïf?
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