Quelques citations tirées du
livre de l’anthropologue David Le Breton, Du Silence.
* Le silence résonne comme
une nostalgie, il appelle le désir d’une écoute sans hâte du bruissement du
monde.
* L’impératif de tout dire se
dissout dans la fiction que tout a été dit, même s’il laisse sans voix ceux qui
auraient autre chose à dire, ou auraient choisi de tenir un discours différent.
Dire ne suffit pas, ne suffit jamais, si l’autre n’a pas le temps d’entendre,
d’assimiler, de répondre.
* Le vrai drame serait le
silence des médias, une panne généralisée des ordinateurs, bref un monde livré
à la parole des plus proches, à la seule appréciation personnelle.
* Le silence n’est pas un
reste, une scorie à élaguer, un vide à remplir, même si le souci du trop plein
de la modernité s’efforce sans relâche de l’éradiquer pour induire une
permanence sonore.
* S’il était possible de tout
dire de soi, ou de tout dire de l’autre, toute individualité serait anéantie.
La disparition du secret est simultanément celle du mystère. L’ombre est
nécessaire à la lumière.
* Le silence n’est jamais une
réalité en soi, mais une relation. Il se donne toujours pour la condition
humaine à l’intérieur d’un rapport au monde.
* Le silence est parfois si
intense qu’il sonne comme la signature d’un lieu.
* Allié à la beauté d’un
paysage le silence est un chemin menant à soi, à la réconciliation avec le
monde. Moment de suspension du temps où s’ouvre un passage octroyant à l’homme
la possibilité de retrouver sa place, de gagner la paix. Provisions de sens,
réserve morale avant le retour au vacarme du monde et aux soucis du quotidien.
* Le silence et la nuit se
renvoient l’un à l’autre, privant l’homme d’orientation, de repère de sens, le
livrant à lui-même, à l’épreuve redoutable de sa liberté.
* Le silence n’est pas une
fin en soi, sa qualité importe davantage, il n’est rien s’il ne traduit pas une
approche de Dieu. En un sens la parole vaut le silence si l’un et l’autre sont imprégnés
d’amour.
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