"Il n' a qu'un seul péché, limiter notre conscience."
Je ne suis ni athée, ni incroyant, mais tout ce branle-bas médiatique autour de la nomination du frère André à titre de saint décrété par l’Église catholique me laisse de marbre. Cette notion de sainteté semble tellement galvaudée et difficile à cerner qu’elle ne sert, en définitive, qu’à rehausser l’image d’une institution fragilisée et en mal de reconnaissance.
Je dois dire cependant que la question des miracles m’intéresse tout particulièrement. L’inexplicable a quand même toujours la cote… C’est toutefois l’attente et la recherche de miracles ou l’intervention d’un « deus ex machina » dans nos vies qui me chatouille le plus. Sommes-nous si démunis devant les aléas de l’existence, au point même de marchander ces miracles?
Lors d’une randonnée dans le Vieux-Québec il y a quelques années, je vis une petite église (Notre-Dame du Sacré-Cœur) sur la rue Sainte-Ursule, un peu en retrait et à l’ombre d’un monastère. Comme elle brillait d’humilité et de simplicité, j’y pénétrai juste pour voir, des fois qu’une part du divin viendrait m’effleurer au passage comme une caresse soyeuse de chérubin.
À l’intérieur, le silence. Nulle âme qui vit. Cependant, quelque chose accrocha tout de suite mon regard et me stupéfia. Il y avait là, gravé sur les murs, une mer de mots qui me heurta comme une lame de fond. Rassemblées en mosaïque sur des plaques de marbre, des requêtes en grâces, en guérisons, en protections, des remerciements pour faveurs obtenues m’entouraient, m’enserraient et m’étouffaient tant elles étaient nombreuses. Ces ex-voto me fustigeaient de leur regard :
«Ô Notre-Dame, accordez-moi une guérison complète ».
« Merci Ô Notre-Dame pour l’heureux règlement d’une affaire importante ».
« Merci pour la réussite de mon opération… ».
« Ô Notre-Dame, ayez pitié de moi, guérissez-moi… ».
Et d’autres encore, beaucoup d’autres, jusqu’à me submerger et qui recouvraient trois murs presque entièrement du plancher jusqu’au plafond.
J'étais estomaqué, et tout ce bruit m’agressait. Je voyais comme des cris d’enfants figés dans la pierre : « S’il vous plait, donnez-moi ceci, occupez-vous de moi, moi, Moi! Merci, vous m’avez fait plaisir, j’ai eu si peur, moi, Moi! »
Serait-ce donc cela la véritable et unique religion sur terre? « Mon Dieu, fait qu’il ne m’arrive rien de fâcheux, que je n’aie aucun problème, que tout soit parfait. Tu sais, je ne suis pas rien, occupe-toi bien de moi et je le dirai à tout le monde. Ok? »
Il n’y a qu’un vrai miracle, mais si humble qu’il ne défrayera jamais les chroniques : un changement de conscience. Il se trouve dans la partie la plus méconnue et délaissée de l’existence : en soi même.
Tout le reste c'est pour ébahir et amuser les enfants.
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