Sur le ponceau, assis confortablement dans leur carrosse électrique, les deux vieillards s'étaient arrêtés pour parler et profiter de la vue des rapides sautillants plus bas dans la rivière. Nous roulions depuis quarante-cinq minutes, le temps était magnifique et nous avons décidé de faire un arrêt nous aussi pour nous reposer quelque peu et profiter de la beauté de l’endroit.
Nous nous penchons pour contempler la rivière puis, en relevant la tête, nous décelons ensemble un océan dans les yeux des vieillards qui nous regardent. Ils nous sourient. La conversation s’engage tout doucement. D’où venons-nous, quel endroit merveilleux pour pratiquer le vélo, ce chemin dans la forêt avec ces odeurs, ces fleurs sauvages, inoubliable!
Je leur révèle qu’il y a une semaine à peine nous avons campé juste au nord de leur petite ville, Saint-Raymond, en un endroit sauvage frisant la perfection. Amédée, s’excitant un peu, nous dit alors que le terrain appartenait à son neveu. Il nous raconta ensuite avec une sorte de fierté que ce neveu s’était marié dans la rivière (coulant au pied de notre emplacement de camping en question) avec sa douce qui avait de l’eau jusqu’aux cuisses. Un beau mariage, nous assura-t-il. Difficile de le contredire…
Ensuite Amédée se tortilla un peu sur son siège et nous tendit une boîte de chocolats qu’il ouvrit devant nous. « J'ai reçu ce cadeau à la fête des pères, en voulez-vous un? »
Comment refuser…
Christian Bobin ne saurait si bien dire : « Les mains des nouveau-nés et celles des vieillards sont à un millimètre de l’infini. »
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