« Révolution : on doit changer le système! » Ces mots étaient gravés au stylo bleu dans le bois du pupitre devant moi. Avant que le cours commence, j’écris ceci : « Pour le remplacer par quoi? » La semaine suivante, je lis : « Pas d’importance, il faut d’abord faire la révolution. »
Durant les années 70, à l’université, ce genre de propos était monnaie courante. Tous les jeunes voulaient changer la vie. Mais c’est gros la vie, difficile à déplacer. Solution : on efface tout et on recommence.
Révolution, apocalypse, catastrophes appréhendées ont pour fondement l’incompréhension et la peur. Le jugement est alors tranchant, la nuance fout le camp. Il y a le bien ou mal, le bon ou le méchant…
Selon Lorenzo DiTommaso*, professeur de religion à l’université Concordia, la croyance en l’apocalypse (toxique, selon lui) se fond sur deux concepts : « Une dichotomie entre le bien et le mal, et l’idée que le monde dans lequel nous vivons est si dégénérée qu’il faut le supprimer pour qu’advienne un monde meilleur. »
Cette idée défie le temps. On la retrouve dans la bible, durant l’antiquité, mais elle ressurgit très fort de nos jours et gagne en influence. Selon DiTommaso, elle se retrouve dans les sectes, le fondamentalisme chrétien et islamiste, mais aussi dans la culture avec les récits de fin du monde, les films catastrophes (2012), dans les jeux vidéo et depuis peu l’environnement. Maintenant que la vérité est verte, une lumière rouge s’est allumée et plusieurs spécialistes prédisent tout bonnement l’extinction de l’espèce humaine si rien n’est fait.
« On attend que la réponse aux problèmes vienne d'un monde transcendant, formellement ou concrètement : Dieu, le messie, Obama ou encore les forces de l'histoire du marxisme », conclut DiTomasso.
Un texte de Josée Blanchette dans le Devoir du 4 février 2011 nous parle d’un film qu’elle a visionné dernièrement, Zeitgeist** : Moving forward. Ce film décrit notre système social et économique (le monde de la finance). Le verdict? Nous courons à notre propre perte, le système est cancérigène. La solution proposée? Une révolution, bien sûr.
Je suis mal à l’aise avec ces idées absolues. J’y vois une démission pure et simple dans son enrobage de pessimisme, j’y vois de l’immaturité et de l’infantilisme. Le tout ou rien, le crois ou meurs tranchent dans les questions difficiles et finissent par ternir notre vision des choses. Puisqu’il n’y a rien à comprendre, on finit par s’enfermer dans le je-m'en-foutisme, on propage des canulars, on invente des rumeurs et tout se dit avec une égale valeur. D’aucuns, boudeurs de naissance, prédisent que nous courons vers une fin assurée car personne ne les écoute et ne répond à leurs avertissements.
Nous nous attendons au pire puisque l’angoisse nous ronge devant tant de malheurs, d’incertitudes et de problèmes à résoudre. Je sens comme une envie de suicide collectif, à l’image de certaines sectes bien connues qui ont déjà passé à l’acte.
Je suis un optimiste en pleurs (ou un pessimiste souriant?). J’ai confiance envers une intelligence de l’intention, une intelligence qui se veut humble, mais qui ne baisse pas les bras. L’évolution se fait toujours dans la lenteur, avec ses multiples essais et erreurs.
Et puis l’impuissance n’a pas d’avenir et les marchands de peurs finissent toujours en faillite.
** Le Zeitgeist est un terme allemand signifiant « l’esprit du temps », utilisé notamment dans la philosophie de l’histoire. Il a été théorisé par Hegel et Heidegger. Il dénote le climat intellectuel ou culturel d’une époque. Wikipédia
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