30 juin 2010
Voir Ispahan avant de mourir
Le "Bada"
Avant de décéder en 2006, l’écrivain et philosophe Jean-François Revel* avait confié à un ami qu’il désirait intituler le second volume de ses mémoires « le bada ».
Qu’est-ce que le bada ?
C’est une expression qui provient de la jeunesse de l’écrivain lorsqu’il habitait Marseille. « Le bada était le supplément gratuit de crème glacée qu’ajoutait au dernier instant le marchand de rues au sommet du cône ».
Pour Revel, le bada est ainsi devenu l’expression d’une générosité du cœur et représente ce qu’il y a de meilleur en l’homme à l’opposé de la mauvaise foi qui en est son côté sombre.
*Revel, grand pourfendeur des idéologies totalitaires, est aussi, chose moins connue, le père de Mathieu Ricard qui, lui, s’est fait un nom en tant que moine bouddhiste ayant beaucoup écrit sur cette religion ainsi que sur ses aspects plus spécifiques comme
14 juin 2010
"Lire, c'est guérir!"
« Lire répond à un besoin, qu’il soit de réparation, de qualification, d’affirmation de soi, de confirmation, de glorification, de projection dans le futur, de projection dans le passé, de sublimation, d’exploration, d’identification, d’éducation, de désidentification, de dépersonnalisation, de création, ou tout simplement et avant tout, de jeu, c’est-à-dire l’entrée dans le domaine du vivant. »
Marc-Alain Ouaknin, Bibliothérapie (lire, c'est guérir), Seuil.
11 juin 2010
Ryszard Kapuscinski
J’ai été très impressionné par la lecture de livres du grand reporter polonais Ryszard Kapuscinski maintenant décédé (2007).
Il a le regard bienveillant et lucide de ces hommes qui ne se laissent pas leurrer par les idéologies et
Son livre sur l’Afrique, Ébène, m’a fasciné. Imperium , qui se penche sur le sort du communisme en Europe décrit avec acuité une expérience qui a de quoi laisser perplexe.
Mais je retiens surtout ces commentaires tirés d'Autoportrait d’un reporter : « Ce qui importe c’est l’effort de volonté, la résistance à la dépression, la capacité de renoncement aux choses superflues. Tout cela doit être accompagné de bienveillance d’autrui. »
« Pour pratiquer le journalisme, il faut avant tout être bon. Les gens mauvais ne peuvent pas être de bons journalistes. Seul un homme bon essaie de comprendre les autres, leurs intentions, leurs fois, leurs intérêts, leurs difficultés, leurs tragédies. Et immédiatement, dès le premier instant, il s’identifie à leur vie. »
9 juin 2010
Ne pas s'exclure
« Analyser le monde, l’expliquer, le mépriser, cela peut être l’affaire des grands penseurs. Mais pour moi il n’y a qu’une chose qui importe, c’est de pouvoir l’aimer, de ne point le haïr tout en ne me haïssant pas moi-même, de pouvoir unir dans mon amour tous les êtres de la terre sans m’en exclure. »
Hermann Hesse.
7 juin 2010
Plonger dans l'inconnu
4 juin 2010
Sur la démocratie
« Quel que soient les gens qui composent le peuple — qu’il s’agisse de soldats, de fonctionnaires, d’ouvriers et d’employés (mais aussi de journalistes, de présentateurs de radio et de tv) de prêtres, de lettrés, de terroristes, d’adolescents — nous ne voulons pas de leur pouvoir, ni de leur souveraineté. Nous ne voulons pas les craindre. Nous voulons et nous devons nous défendre à temps si nécessaire contre leurs prétentions. »
Karl Popper, Toute vie est résolutions de problèmes.
3 juin 2010
Un fleuve, ses deux rives.
Comme des millions d’autres habitants du Québec, je partage la grande symphonie du fleuve Saint-Laurent. Je partage une admiration pour sa force tranquille, sa beauté, sa vie en marche qui coule comme les jours en lien indissoluble avec l’éternité. Ce fleuve, je l’ai dans la peau et dans mon ventre. Je l’ai entre les doigts aussi, toujours le même, toujours différent, nourrissant ma vie et mon imaginaire.
J’ai habité sur ses deux rives, Québec et Lévis. Combien de fois ai-je pu traverser mon fleuve? Je ne l’ai pas compté, mais une chose est sûre, j’ai arpenté sa distance entre les quais des deux villes d’innombrables fois. J’ai même été matelot sur les traversiers la durée d’un été, lorsque j’étais encore étudiant.
Ce passage entre les rives, ces allers retour constants d’une ville à l’autre ont gravé une empreinte profonde dans mon esprit. À mon insu, s’est développée une sorte de mythologie de la traversée, un rite du passage constamment renouvelé, une mise en scène métaphorique mettant en lumière les deux protagonistes qui hantent depuis toujours la conscience de l’homme. Je veux parler du temps, de la durée dont nous sommes les prisonniers et dont il faut trouver un sens puisque nous sommes là, à vivre puis à mourir, sans que rien n’y change. Je veux parler, en second lieu, du sentiment impérissable d’éternité, du dépassement de la simple durée, d’un voyage où l’âme se voit libre de toute limitation.
Vers le milieu du fleuve, à chaque traversée, les deux bateaux se croisent qui font la navette entre les deux rives. Une nuit, en rêve, j’étais accoudé au bastingage et je vis l’autre traversier se rapprocher jusqu’à frôler le mien. Sur cet autre bateau, il y avait moi-même…
En souriant, nous eûmes le temps de nous serrer la main et disparaître chacun de notre côté.
Depuis lors, je sais que j’habite les deux rives. Deux êtres aux perceptions différentes, mais qui se retrouvent et s’harmonisent sur leur fleuve en s’échangeant leurs vues suite à leurs expériences vécues dans chacun des mondes dont la réalité ne me pose plus de doute.
2 juin 2010
Les mots de la douleur
Il y a des histoires touchantes, des histoires tragiques en nombre incalculable autour de nous. Il y a tant de mots à écrire avec les larmes et le sang de l’homme; tant de mots qui relatent son périple étrange et obscur sur cette terre ici-bas.