31 août 2009

L'île Ronde



L'Île Ronde repose, tranquille, au milieu du fleuve Saint-Laurent juste en face du petit village de Saint-Sulpice à quelque 35 kilomètres de Montréal, dans la région de Lanaudière. Elle fait partie d'une agglomération regroupée sous l'appellation "Îles de Verchères". Et son histoire mérite d'être préservée.
Elle commence dès 1672 lorsque l'intendant Talon la concède au sieur Robineau de Fortelle. Puis en 1709, le Seigneur François Desjordy Moreau de Cabanac et son épouse Louise Catherine Robineau de Bécancour y construisent un manoir. Des fouilles archéologiques ont d'ailleurs permis de localiser le manoir ainsi qu'un moulin à des endroits précis de l'ile.

En 1960, des investisseurs américains acquièrent le domaine, mais le laissent à l'abandon durant 25 ans. En 1986, Guy Vandandaigne ainsi que Jocelyn Lafortune achètent l'ile et en font le petit joyau que nous pouvons connaître aujourd'hui.

Si vous avez la chance d'y mettre pied, n'hésitez pas. L'endroit déborde et regorge de tranquillité, de calme ainsi que de moments propices à un retour sur soi.

Depuis plus de 20 ans, les propriétaires actuels n'ont jamais lésiné sur les moyens pour rendre l'île accueillante. Quelque 8000 arbres ont été plantés. Un bâtiment s'est érigé pour recevoir aussi des groupes de gens à des repas champêtres, sans oublier l'aspect historique magnifiquement représenté dans une section qui lui est réservé.

Tout à l'honneur des ces gens.


28 août 2009

Henri Gougaud, artiste, conteur


"Je contribue à la santé du monde,en essayant de ne pas ajouter mon grain d’angoisse au vaste champ de l’angoisse du monde. Je suis un artiste. En tant que tel, j’ai le souci de servir, d’être utile. À qui ? À quoi ? À ce que je peux percevoir de la vie. Dans ce que je dis ou écris, je cherche à nourrir la vie, à toute force. Si je manque à ce vœu, à ce devoir, si je me laisse aller, dans ce que je dis ou écris, au désespoir, à la dérision, à l’apologie du rien, je nourris la maladie du monde, j’augmente la difficulté d’y vivre."

"XXIème siècle : les visions de 34 écrivains et philosophes" sur le site Nouvelles Clés


23 août 2009

Casque d'écoute

"Il n’y a qu’une personne que je saurais écouter parfaitement, celle-là même qui sait écouter parfaitement."

21 août 2009

Paul Theroux


Vous préparez un voyage ou bien vous voulez lire un bon récit sur un endroit dans le monde qui vous intéresse, alors je vous recommande Paul Theroux.

Voici ce qu'il dit, entre autres, dans Les colonnes d'hercule, récit de son voyage autour de la Méditerranée :"Nul n'a jamais décrit le lieu où je viens d'arriver : voilà l'émotion qui me pousse à vouloir voyager. C'est une des plus grandes raisons d'aller où que ce soit."

Outre Patagonie Express et La Chine à petite vapeur, c'est son livre Safari noir (Du Caire au Cap), chez Grasset en français, qui m'a le plus fasciné.

Il fait cette réflexion durant son séjour au Malawi, quelque quarante ans après y avoir travaillé comme jeune professeur, dans les années soixante : "Mais j'avais été heureux, ici, et peut-être pour les mêmes raisons, puisque l'horreur de la mort qui peut vous frapper à tout moment est parfois en mesure de doper votre aptitude à l'amour et de vous inspirer une grande passion de la vie."

14 août 2009

L'art et le sentiment d'exister


Une citation de Joseph Campbell sur l'art, tirée de son livre Le vol de l'oiseau migrateur.

"L'art a pour fonction de procurer un sentiment d'exister, non pas la certitude d'une signification. Ceux qui recherchent un sens certain, qui manquent d'assurance et vacillent lorsqu'ils découvrent que le réseau de significations dont s'étaye leur existence a été démantelé sont certes ceux-là mêmes qui non pas encore ressenti assez profondément, continûment ou de façon suffisamment convaincante ce sentiment d'exister- de surgissement spontané et consentant- qui est le premier et plus profond trait de l'existence, et dont l'éveil est du ressort de l'art."

Campbell continue en posant ensuite cette question très pertinente : "Quel est donc le sens d'une fleur ? Dépourvue de sens, la fleur devrait-elle exister ?

12 août 2009

Légende chinoise

Dans son livre L'Art de l'oisiveté, le grand écrivain Hermann Hesse nous raconte cette vieille légende chinoise : " Le monde m'apparait plus neuf et plus beau quand je me tiens sur la tête." dit le maître qui essayait un jour une nouvelle posture de jeunes artistes vantant leur découverte.

Les choses allèrent ainsi durant plusieurs mois et les jeunes artistes furent ravis d'avoir l'appui d'un être si distingué.

Un bon jour le maître dit ceci :" Quelle chance que l'homme possède deux jambes. Se tenir sur la tête n'est pas bon pour la santé. En outre, le monde apparait deux fois plus beau aux yeux de celui qui se remet d'aplomb et se tient à nouveau sur ses pieds."

Ces propos indignèrent les jeunes adeptes de l'autre posture. "Aujourd'hui il affirme une chose, demain il dira le contraire. Il ne peut pas exister deux vérités !"

Alors le maître déclara :" Chers enfants, il y a la réalité que rien ne peut ébranler, et puis une infinité de vérités qui ne constituent que des visions de la réalité et qui sont tout aussi justes qu'erronnées."

11 août 2009

Le chant des scies rondes



Il y a bruit et bruit. Celui des "choses vivantes", des exclamations, des joies, des peurs et des débordements, je m'y fais. Elles me relient au monde. J'accepte les cris des enfants qui s'amusent, les coups de vents qui fouettent les fenêtres, les corneiles qui s'égosillent dans les grands arbres et les gens de l'entourages qui varnoussent, trépignent, piaffent et prigrassent.

Tout comme l'ensemble des images qui me frappent de leur lumière crue.

Toutefois, si ces dernères m'exaspèrent, je peux facilement tourner le regard, fermer les yeux, voir différemment, changer de postes.

Mais le bruit !

Je demeure en ville et j'accepte les aléas qui viennent avec. C'est mon choix. J'accepte par conséquent une certaine dose de bruit qui s'immisce. Une dose de bruit normale, compréhensible, acceptable. Je rajouterais : utile.

Je me pose tout de même de sérieuses questions quand les voisinages viennent qu'à utiliser ad nauseam des souffleuses à feuilles électriques, des "zips" à gazon et autres tondeuses infernales pour des micros terrains, à toute heure du jour, sept jours par semaine. (Dans l'Odyssée d'Homère, le héros Ulysse se fait attacher sur la mature de son navire pour ne pas succomber à l'envoûtant chant des sirènes. Personnellement, j'ai parfois le goût de m'enfermer à double tour dans ma résidence pour échapper au son lancinant et caressant des scies rondes en pleur.)

Je me pose aussi des questions, j'imagine légitimes, lorsque j'entends régulièrement et méthodiquement des pneus de voitures qui crissent pour rien ainsi que des moteurs de motos et d'autos hurlants au clair de lune.

Encore là, c'est sans doute une question de goût et de tolérance...

Mais en pleine nature, sur nos lacs et nos rivières, sur ce grand fleuve Saint-Laurent qui traverse le pays, dans nos forêts et nos campagnes, pourrait-on envisager une certaine retenue respectueuse envers ceux et celles qui veulent profiter d'un repos et d'un silence "approximatif" bien mérités ?

De la musique à tue-tête sur un lac, dans un camping, pourquoi ? Marquer son territoire, imposer sa loi ? Des motos marines achalantes comme des "frappes-à-bord", des yachts équipés de moteurs d'Airbus A380, c'est justifié ça ?

Regardez bien la photo ci-dessus (cliquez sur) et dites-moi si vous auriez aimé être à la place du plaisancier à bord du voilier, subissant l'assaut de la terreur des mers qui file à cent à l'heure. À près de deux kilomètres du rivage, je l'entendais gronder et rugir comme un dragon en rut crachant son eau de feu, et même encore après être disparu de mon champ de vision.

Acceptable ?

Pas sûr.

7 août 2009

Vincent Munier


Comment rester impassible devant cette photo de Vincent Munier, photographe animalier exceptionnel, qui est passé en entrevue à l'émission "Bons baisers de France" à Radio-Canada le 5 aout 2009 ?

En n'oubliant pas que le harfang des neiges est l'emblême animalier du Québec.

6 août 2009

Charles Taylor


Peu de gens connaissaient le philosophe Charles Taylor avant qu'il ne soit placé sous les projecteurs lors des débats en 2007 sur les "Accommodements raisonnables". Avec Gérard Bouchard, il fut alors choisi par le premier ministre du Québec Jean Charest pour co-présider ce que l'on appela la "Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles."

Né d'une mère francophone et d'un père anglophone, il est considéré comme l'un des grand penseur du 20e siècle. Son livre Les Sources du moi est reconnu comme une somme inégalée dans la recherche d'une compréhension de l'homme moderne.

C'est une brique et je ne l'ai pas encore lue.

Toutefois son livre Grandeur et misère de la Modernité m'a beaucoup intéressé. Il y fait une différence très éclairante entre l'individualisme et le narcissisme ou l'égocentrisme qui caractérisent fort bien notre époque. Il parle du concept d'authenticité et reconnait "qu'il implique une création et une construction aussi bien qu'une découverte, une originalité, et souvent une opposition aux règles sociales et même, éventuellement, à ce que nous reconnaissons comme la morale." p. 86

Mais il précise, et c'est ce que je tiens à signaler, que l'individualisme, cette recherche d'authenticité, implique aussi "que nous ne nous préoccupons pas du moi, mais avant tout de quelques chose qui nous dépasse."

On parle alors d'une quête spirituelle, d'une recherche de sens à tout le moins. "(...) elle requiert, reprend-il, une ouverture à des horizons de signification et une définition de soi dans le dialogue."

Frederic Lenoir, dans son livre Les métamorphoses de Dieu, nous entraîne vers le même constat en affirmant que cet individualisme de l'homme moderne a finit par balancer le critère d'autorité en matière de croyances religieuses et de quête du divin pour en arriver à privilégier l'apport de l'expérience intérieure personnelle. L'être humain devient sa propre mesure, en quelque sorte. Une mesure d'authenticité qui l'aide à se réaliser librement et aussi de manière responsable, dans sa forme la plus élevée.

Pour finir, j'ai trouvé des commentaires très éclairants sur la pensée de Charles Taylor par Jacques Dufresne, dans un texte sur le site internet de L'Encyclopédie de l'Agora.

"S'il fallait préciser la définition de l'homme selon Taylor, il faudrait la chercher dans la phrase : l'homme est un être expressif, à compléter par le sous-entendu : qui formule une source intérieure." Il mentionne aussi que Taylor fait sienne la vision du monde de Herder (philosophe du 18e siècle) qui "est centré sur l'idée d'une énergie première constituant l'univers et la nature, s'individualisant ensuite pour devenir l'intériorité des peuples à l'échelle collective et celle des personnes à l'échelle individuelle." Elle implique l'idée que "chacun d'entre nous doit suivre sa propre voie; elle impose à chacun l'obligation de se mesurer à sa propre originalité."

Dufresne nous parle ensuite de "la voix intérieure, la nature intérieure chères à Taylor, (qui) deviennent ici une mélodie intérieure. Vivre ce sera exécuter aussi fidèlement que possible cette mélodie intérieure."

Je suis tout à fait en accord avec cette vision des choses.

5 août 2009

Les mots du Baleinié


Dans un article du Devoir, édition du 25-26 juillet 2009, Fabien Deglise nous parle de sa rencontre avec la comédienne française Christine Murillo qui a initié avec deux amis ce qu'ils ont appelé "Les mots du Baleinié". Mots inventés de toute pièce, car elle trouvait qu'il y en avait pas assez dans la langue française "pour définir tous les tracas que nous vivions à l'époque".

Dans les années 80, ils se sont mis à l'oeuvre et, depuis lors, trois dictionnaires sont apparus aux Éditions du Seuil. Rien de moins.

Des exemples :

BICLAC "Coup de vieux pris par quelqu'un qui ne vous reconnaît pas non plus"

CHACARD "Pied de table contre lequel vous vous heurtez violemment le petit orteil"

LOUSTANER "Cacheter l'enveloppe avant d'inscrire l'adresse qui est sur la lettre à l'intérieur"

BELGOYER "Se pencher pour ramasser ses clefs et faire tomber stylo, lunettes, monnaie et téléphone portable"

XU "Objet bien rangé, mais où?"

DAVERNUDE "Personne qui vous embrasse comme du bon pain et dont vous êtes incapable de vous souvenir du nom"

NÉKÉ "Guêpe qui vous suit partout où vous aller"

WEWEDEM "Lutte discrète entre vous et votre voisin pour la possession de l'accoudoir"

AGROUDE "Léger recul de votre animal domestique qui vous fait douter de votre haleine"

Ils auraient vendu jusqu'ici près de 100,000 exemplaires des dictionnaires.

En introduction de chaque dico on peut lire :"Souffrir avec précision, c'est mieux savoir vivre mal."

Jouissif !

*Le projet est né au Resto Le Dos de la Baleine d'où "Les Mots du Baleinié".

4 août 2009

J'aime

« J’aime regarder, te regarder, et voir des outardes danser sur ton cou. Et le chant de la grive solitaire franchissant l’abîme pour se fracasser entre tes yeux. J’aime! »

L'oeil américain


La première fois que j'ai lu ou entendu l'expression "avoir l'oeil américain", je me suis dis à la blague qu'elle signifiait sans doute la capacité étonnante que possèdent beaucoup d'Américains à trouver aisément un "stand à patates frites" ou un restaurant "fast food" dans un rayon de vingt kilomètres, peu importe l'endroit dans le monde, lorsqu'ils sont en appétit.

C'est Pierre Morency, dans un de ses magnifiques livres, qui m'a démontré ce qu'il en retournait vraiment.

"Avoir l'oeil américain n'est-ce pas jouir de l'habilité qui nous fait entendre ce que nous écoutons, qui nous fait voir ce qui est derrière quand on regarde devant ?"

Comme il le mentionne aussi :"C'est avoir le regard scrutateur, qui ne laisse rien passer, capable de détecter le moindre détail."

Je rajouterais dans la même veine que c'est l'habilité à se fondre dans la nature, à avoir les yeux et les oreilles tout le tour de la tête, à déceler tous ces petites choses qui échappent de prime abord au promeneur distrait.

Avoir l'oeil vif et exercé.

J'ai découvert après coup que l'expression provenait de l'écrivain Fennimore Cooper, l'auteur du "Dernier des Mohicans".

"Il avait l'air de regarder devant lui, mais il ne ratait rien de ce qui se passait sur les côtés, pour répérer les ennemis ou les animaux tapis dans la forêt."

L'oeil américain est-il envisageable si le défaut de silence, de se taire et d'observer contient toute notre façon d'être ?

3 août 2009

"Gloire du Matin"


Je crois, je dis bien je crois, avoir perçu le commencement du début de l'amorce du divin dans le sourire immaculé de l'enfant, dans l'éclatante apparition de la "gloire du matin" et la musique joyeuse du chant des hirondelles.

Mais si peu perçu, je dis bien si peu, de ce même divin dans la bouche de ceux qui font profession d'en parler.

Toutes les émotions de la Terre


J'aime être bercé par cette nature si touchante lorsque je me retrouve dans la forêt parmi les odeurs enivrantes des arbres et des rivières, le chant des oiseaux qui s'abandonnent à leurs pulsions soudaines, et le vent, parfois, qui transporte toutes les émotions de la terre.

Je me sens tout à coup riche d'une partie de moi-même qui reprend vie au contact de la vie.

Prisonnier en fuite


Une citation tirée de l'excellent livre de Robert Lalonde , Le Monde sur le flanc de la truite :" Lire, c'est d'abord s'arracher à soi-même, et à son monde... Si c'est une fuite, c'est celle du prisonnier qui s'échappe de son cachot en fracturant les barreaux."

D'autres, comme le mentionne aussi l'auteur, s'arrangent très bien avec "l'empêchement généralisé" mais pas lui.

Pas moi non plus, je l'avoue.